[Renaliste] Portage d'Enterocoque Vanco-R
Dilaver Erbilgin
dilae at cocagne.com
Mer 16 Mai 12:42:05 CEST 2007
Cher Hamid,
C'est normal que le patient soit asymptomatique. Les entérocoques, à
l'exception des Enterococcus hirae n'occasionnent pas de gastro-
entérite chez l'Homme.
Voici, dans ses grandes lignes, ce que Mandell dit au chapitre 179
(tome 2, 4ème édition):
Outre le fait que c'est un germe de la flore intestinale, on en
trouve dans l'environnement immédiat (sol, aliments, eau, animaux de
compagnie etc...). Sa résistance n'est pas un indice de virulence. Il
s'agit d'un germe très peu virulent. Le haut taux de morbi-mortalité
attribué traduit plus les conditions cliniques sévères et/ou
préterminales ainsi que la concomitance des germes plus virulents.
Aussi les Enterococcus sont-ils considérés plus comme marqueur d'une
situation clinique précaire que comme agent causal de la situation.
Ils compliquent d'ailleurs très rarement les hémopathies malignes.
Cette curiosité infectiologique est connue.
Quant à l'épidémiologie, vue leur présence normale dans le tube
digestif chez l'Homme, longtemps les infections à entérocoques
étaient considérées comme originaires du porteur. On sait aujourd'hui
que la majorité des infections sont nosocomiales. La dissémination
d'un patient à l'autre, d'un soignant au patient, d'un établissement
à l'autre est une évidence médicale acquise. Donc, d'après moi, il
n'y a pas de sens de vérifier les dialysés porteurs sans vérifier
(surtout) le personnel soignant (médecins, infirmiers, diététiciens
etc...) et le matériel partagé (thermomètres, table de chevet, les
vestiaires, stéthoscopes etc...). Il est démontré que les germes
vanco-R existent dans le tube digestif du personnel (toujours même
référence Mandell). Donc, mesures préventives simples, mais
strictement bien exécutés comme tu suggères. Avant d'avoir ce patient
dans tes murs tu avais déjà peut-être un soignant à Entérocoque Vanco-
R. Il est quasi banal d'en avoir, malheureusement, à cause du génie
du germe pour se doter de la résistance.
Enfin, la nature résistante du germe est prédictible des antécédents
du porteur (dialyse, morbidité lourde, long séjour en milieu
hospitalier, atcd de chirurgie, de soins intensifs, d'insuffisance
rénale chronique, de cathéterisme -vasculaire ou urinaire-, maladie
débilitante, cure antérieure de céphalosporines ou d'aminoglycosides,
mais aussi d'autres AB moins impliqués néanmoins dans la génèse de
résistance comme fluoroquinolones). Comme signalé plus haut, elle
n'est pas une mesure de virulence.
Dans les pages suivantes, tu peux lire les mécanismes de
l'acquisition de la résistance, hors sujet ici mais passionant, si tu
as accès à Mandell.
Amicalement
D.
On May 16, 2007, at 9:07 AM, NEFTI Hamid wrote:
> Message de la liste nephrologique francophone RENALISTE
> ----------------------------------
> Chers amis,
>
> Voici une question d'un néphrologue qui travaille en mai ;-:)
>
> Il y a 2 ou 3 semaines, nous avons accueilli dans notre centre à titre
> définitif un patient hémodialysé chronique, ayant une lourde
> polypathologie
> et ayant un portage intestinal d'un Entérocoque Vanco-R.
>
> Il s'agit d'un portage chronique, depuis plusieurs années, et
> intermitent,
> sans aucun symptôme, notamment pas de diarrhée.
>
> Nous avons bien compris que le risque est celui de la transmission
> de la
> résistance à la vancomycine aux Staphylocoques méthi-R (endémiques
> dans nos
> services hospitaliers). Ce pourquoi, un protocole de prévention
> extrêmement
> lourd (circulaire officielle) est mis en place dès le premier jour
> de son
> arrivée.
>
> Ceci nous complique grandement le fonctionnement du service, en
> particulier
> du fait de contraintes géographiques importantes.
>
> Est-ce que l'on connait le risque rééle de la transmission du germe
> en soi
> et de son caractère Vanco-R quand le patient est asymptomatique, et
> qu'il
> s'agit d'un simple portage intestinal asymptomatique ?
>
> Si l'on va au delà de l'aspect bactériologique pûr et que l'on
> tient compte
> de l'état clinique du patient, peut-on se contenter de mesures
> préventives
> simples, axées sur la prévention du "péril fécal" (lavage des mains du
> patient et des soignants, lingerie, gel hydroalcoolique, etc....) ?
>
> En effet, le protocole actuel impose tout un attirail de mesures
> contraignantes, dont la réalisation d'un écouvillonnage rectal
> régulièrement
> aux "patients contacts" (et pourquoi pas aux soignants ?).
>
> Nous avons commencé ce type de prélèvements systématiques, et on
> nous un
> indique que le germe est retrouvé chez un patient (totalement
> asymptomatique
> lui aussi) !
>
> Quelles sont les chances de retrouver ce portage asymptomatique si on
> faisait une étude transversale avec écouvillonnage rectal à des
> patients
> tout venant, hémodialysés ou non ?
>
> En vous remerciant.
>
> Dr Hamid NEFTI
> Néphrologue
> CHG de Mâcon (71)
> hanefti at ch-macon.fr
> _______________________________________________
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