[Renaliste] tr: Fwd: Joyeux Noel de la part de Mediapart

docteur.guylaurent at 9online.fr docteur.guylaurent at 9online.fr
Mer 4 Jan 17:06:55 CET 2017


Chère Giorgina, chers amis néphrologues,
	Ayant pris ma retraite je suis plus dans la néphrologie active. Cependant je suis toujours surpris par le mode de remboursement de la dialyse.
J'ai fait partie, il y a de nombreuses années, de différentes commissions sur le sujet au ministère de la santé. Un groupe de travail a été réuni à la caisse nationale d'assurance maladie, j'en étais membre. Il est apparu que la meilleure façon de prendre en charge le traitement par dialyse était de classer les malades par groupe, en fonction de la lourdeur du traitement, et de définir un forfait hebdomadaire . Cette méthode a été utilisée dans de nombreux pays européens avec succès.
	Il est à constater que dans notre pays de plus en plus de centres de traitement sont rachetés par des sociétés industrielles produisant du matériel de dialyse. Je me suis insurgé de nombreuses fois contre la méthode de remboursement à la séance plus tous les frais  liés au traitement cette situation de réglementation économique, mais sans aucun résultat. Je vous transmets ce que j'écrivais il y a dizaine d'années,, que j'ai adressé aux différents ministres qui se sont succédé mais sans aucun succès.
	Membres de la commission nationale d'hémodialyse et de transplantation pendant 30 ans j'en étais le vice-président lors de  sa dissolution en 1982. Je me suis toujours intéressé à l’aspect économique de ces traitements lourds, je présidais la sous- commission « économie ».
	Voici ce que j'écrivais il y a plus de 10 ans:
	"Le traitement de l'insuffisance rénale chronique est particulièrement coûteux. Il représente actuellement 3,6 % du budget de santé, le nombre des malades traités représentant 0,006 % de la population
	"Nous ne sommes pas le seul pays où ce problème se pose et il est intéressant de voir comment il est abordé dans d’autres pays européens. Je prends quelques exemples :
"-- En Italie le prix d'une séance dialyse est variable entre 170 et de 250€. Ce prix est fonction de la méthode utilisée et ce n'est pas un mode d’évaluation qui me paraît intéressant à retenir. Mais retenons cette "valeur, 510 à 750€ par semaine.
"-- En Allemagne le prix est défini pour les trois séances d'hémodialyses qui sont pratiquées dans une semaine, avait d'abord été fixé à 550€, le 1er janvier 2004 il a été ramené à 520€.
"-- Au Portugal le prix de la séance est de 114€, soit semaine à 342€ par semaine. 
	"  En France les prix sont très variables, différents pour chaque établissement, n’incluant pas les mêmes éléments. J'avais fait différents calculs en 2003. Les choses ont peu évolué depuis lors. J'avais pris à "Lyon l'exemple d'un centre privé que je connais bien, en additionnant le prix séances, les honoraires médicaux et la biologie le coût d’une séance est de 338,92€, soit pour une semaine 1016,76€. A l’hôpital public de "Lyon le prix de la séance était de 1160,10€, soit 3480,3€ par semaine. On peut estimer le coût hebdomadaire moyen en France à 2250€. Soit 1700€ de plus par semaine que nos voisins européens pour des résultats "comparables.
	"Il y a actuellement plus de 30 000 malades dialysés en France, bien qu’on ne sache pas exactement le nombre. Ce qui représente au minimum 1 560 000 semaines/ patient. Si les tarifs étaient les mêmes en "France que chez nos voisins la dépense de santé serait réduite de 2 652 000 000 par an. Autant de milliards en moins pour le « trou de la sécu »
"Les comparaisons entre pays européens sont intéressantes, facilitées par la monnaie unique. On lit dans la presse que le prix des automobiles neuves a diminué grâce ces comparaisons, pourquoi la santé et "resterait-t-elle en dehors de ce raisonnement ?
	"Cette lacune est d'autant plus regrettable qu’une commission à laquelle je participais au Ministère de la santé a beaucoup travaillé sur ce sujet. C'était en 2000 et 2001. Les réunions se passaient à la CNAMTS, "il y avait des néphrologues, des représentants des différents services du ministère, des économistes et des ingénieurs de l'école des mines. Le travail a été complété par une étude de l’école des mines à laquelle je "participais. Nous avions calculé les « consommations de ressources ». Il était apparu que ces coûts étaient fonction de la « qualité » des malades. Nous avions éliminé les facteurs liés aux choix des médecins ou aux "méthodes utilisées. Nous avons calculé un coût par typologie. La réduction de la charge financière serait possible sans pour autant diminuer la qualité des soins. Il apparaissait par ailleurs évident, pour que les coûts "soient réellement maîtrisés, qu'il serait bon de définir une « capitation » de la dépense comme cela a été fait dans certains états des États-Unis. La qualité par ailleurs devant être contrôlée par des procédures "d’évaluation.
"Puis le ministre a changé, le dossier a été enterré. Il est désolant de constater que tous ces travaux, qui avaient coûté cher et donné de grands espoirs n’aient pas été utilisés. Je me suis adressé au ministre M. "Mattéi qui m'a proposé d'être reçu par un membre de son cabinet. Mme Fourcade va fixé un rendez-vous le 11 février 2003. J'ai été reçu par quatre personnes qui m’ont dit que c'étaient très bien, qu'elles "travaillaient effectivement dans ce sens et que je verrai les résultats sans tarder. J'attends toujours.
"Voici une des pistes, que je considère comme non négligeable, qui devrait permettre de contribuer au sauvetage de notre système de protection sociale. Je me tiens à la disposition des services du Ministère pour "apporter plus d'informations sur ce sujet. Ceux qui s’opposeraient à de telles dispositions seront bien plus désolés lorsque les soins ne pourront plus être dispensés.


-----Message d'origine-----
De : Renaliste [mailto:renaliste-bounces at nephrodial.org] De la part de gb piccoli
Envoyé : vendredi 23 décembre 2016 22:48
À : OLIVIER KOURILSKY; renaliste; Liste des néphrologues francophones
Objet : Re: [Renaliste] tr: Fwd: Joyeux Noel de la part de Mediapart

 
Chers amis et collègues, J’ai suivi avec intérêt et, si je peux dire, avec un regard un peu “à la distance”, compte tenu de ma formation plutôt italienne, les échanges sur le terrible article sur la Néphrologie française.Inutile de dire que, sans une grande appréciation de la Société Francophone de Néphrologie Dialyses et Transplantation, je ne serais pas ici… Mais ce qui me frappe n’est pas la violence des attaques, c’est leur côté malin et pervers, et c’est la construction plutôt logique et pas complètement « stupide » (faux, mais pas bête) de l’argumentaire. En plus, il s'agit d'une deuxième attaque dans les derniers mois : l’article sur Le Monde était, à mon avis, déjà sur la même ligne. Peut être car, comme Italienne, j’ai l’habitude aux cotés pervers et doubles de certains lobbys, il est clair, à mon avis, qu’il y a un but pratique, pragmatique,  soit d'un lobby politique soit d'un lobby économique (les deux vont très souvent ensemble).L’attaque est trop bien structurée pour être sans avis « interne » et pour être gratuite. A mon avis, à côté d’une réponse officielle pour le grand public, il faudrait aller aux racines de l’histoire, et obliger le(s) interlocuteur(s) à se déclarer (ou au moins anticiper leur prochains pas : qui veut être le sauveur de la Néphrologie française ? un groupe industriel ? une association ?  un parti politique?). Si c’était l’Italie, j' aurais dit que l’attaque vers le grand public n’est que le piège pour distraire l’attention et les ressources: la société savante va s’engager "naïvement" à répondre avec les mêmes armes (trouver les bons journalistes, etc…), et elle doit le faire, mais entre temps les vrais maîtres d’un jeu moins viscéral, et plus cynique, sourient et continuent leur démarches. J’espère  me tromper… Giorgina Piccoli


    Il Venerdì 23 Dicembre 2016 8:07, OLIVIER KOURILSKY <auka at wanadoo.fr> ha scritto:
 

  




tout a fait d'accord avec Brigitte ...et SANS PERDRE UN INSTANT !! (droit de réponse mediapart,le Monde, le figaro-  contacter damien mascret + JT, journal de la SAnté etc !)
>

>
Le 23 décembre 2016 à 00:11, Brigitte LANTZ a écrit :
>
Comme d’habitude, ton analyse est parfaite, Cher Philippe, mais cet article scandaleux de Médiapart mérite une réponse officielle dans un grand quotidien national.
> Belles fêtes de Noël et excellente année 2016 Amitiés Brigitte
> 
> > Le 22 déc. 2016 à 07:57, Philippe Brunet  a écrit :
> >
> 

> Joyeux Noël de la part de Mediapart
> >
> >
> >
> > A travers un article publié par Mediapart ce 21 décembre 2016, la néphrologie française est gratifiée une fois de plus de multiples critiques. Il s’agit d’un article bourré de contre-vérités et d’inexactitudes. On peut se demander à qui profitent ces campagnes de dénigrement systématique ?
> >
> >
> >
> > Quelques perles relevées au fil des phrases :
> >
> >
> >
> > L’assurance maladie consacre 3,1 milliards d’euros par an à la dialyse, au détriment de la greffe….
> >
> >
> >
> > FAUX : la dialyse est beaucoup plus couteuse que la greffe, mais la greffe et la dialyse sont totalement remboursées par l’assurance maladie. L’une n’est pas financée au détriment de l’autre.
> >
> >
> >
> > Les moyens consacrés au financement de l’insuffisance rénale ne seraient pas toujours utilisés au mieux des intérêts des patients….
> >
> >
> >
> > FAUX : la prise en charge de l’insuffisance rénale en France est l’une des meilleures au monde. Si l’on regarde le nombre de patients de plus de 75 ans pris en charge en dialyse dans 14 pays européens, la France se classe en deuxième position avec plus de 3200 patients par million d’habitants. Par comparaison, le chiffre pour le Royaume Uni n’est que de 1800 patients par million d’habitants. Concernant l’activité de greffe, L’activité française est l’une des plus élevées dans le monde. La France se place au deuxième rang des pays européens les plus peuplés avec un nombre de patients porteurs de greffe rénale de 514 par millions d’habitants, derrière l’Espagne qui est à 579 par million d’habitants, mais loin devant le Royaume Uni qui est à 472 par million d’habitants.
> >
> >
> >
> > Les directions d’hôpitaux sont très attachées à la dialyse et ne 
> > voient pas d’un bon œil la volonté d’une équipe de développer la 
> > prévention de l’insuffisance rénale terminale…
> >
> >
> >
> > FAUX : la prévention de l’insuffisance rénale terminale n’est pas l’affaire uniquement des néphrologues : c’est l’affaire de tous les médecins. Cette prévention passe aujourd’hui par la prévention du diabète, de l’hypertension et de l’obésité. Cela dépasse largement le cadre de la néphrologie.
> >
> >
> >
> > Les directions d’hôpitaux ne voient pas d’un bon œil la volonté 
> > d’une équipe d’orienter plus de patients vers la greffe…
> >
> >
> >
> > FAUX : de plus en plus de patients sont inscrits sur la liste d’attente de greffe en France. Le nombre de patients restant en attente de greffe rénale en France est passé de 7602 en 2010 à 12459 en 2016.
> >
> >
> >
> > La greffe est recommandée par la Haute Autorité de santé pour la 
> > majorité des patients, quel que soit leur âge…
> >
> >
> >
> > FAUX : la haute autorité de santé dans ses recommandations de 2015 recommande la greffe chez les patients jusqu’à 85 ans. De plus les patients atteints d’insuffisance rénale avancée sont de plus en plus âgés et ont de plus en plus de pathologies associées qui contre-indiquent la greffe.
> >
> >
> >
> > Les patients diplômés ont plus souvent accès à la greffe que les 
> > autres…
> >
> >
> >
> > FAUX : Cette affirmation est tirée d’une étude réalisée par l’association Renaloo et publiée en 2016. Cependant cette étude est très critiquable et encore plus l’analyse qui en a été faite. Une autre étude publiée en 2016 par la coordination nationale du Registre REIN montre que les patients vivant dans des territoires défavorisés ou favorisés ont la même chance d’accéder à la liste d’attente de greffe et de bénéficier d’une greffe rénale.
> >
> >
> >
> > Les centres de dialyse privés orientent moins les patients vers la 
> > greffe…
> >
> >
> >
> > FAUX : Une étude publiée en 2015 sur 11 régions françaises montre que l’accès à la liste d’attente est similaire dans les centres publics universitaires et non universitaires et dans les centres privés lucratifs. En revanche, l’accès est meilleur de 26% dans les centres privés non lucratifs.
> >
> >
> >
> > La néphrologie est la spécialité la plus demandée par les jeunes 
> > médecins en raison de ses avantages financiers…
> >
> >
> >
> > FAUX : L’intérêt financier de la Néphrologie n’est absolument pas mis en avant par la profession. Ceci est à mettre en relation avec le fait que les néphrologues exercent de façon très majoritaire une activité salariée, pour 69% d’entre eux en 2015. On est bien loin de la cardiologie où il n’y a que 29% de salariés.
> >
> >
> >
> > La Région PACA serait en retard pour la greffe par rapport aux 
> > autres régions…
> >
> >
> >
> > FAUX : Pour les patients de moins de 60 ans, après 24 mois de dialyse, le taux d’accès à la greffe est de 34,5% en PACA contre 31,9% pour la moyenne nationale. Pour les patients de 60-74 ans, le taux d’accès à la greffe est de 13,4% en PACA contre 11,9% pour la moyenne nationale.
> >
> >
> >
> > Que penser de cet article ?
> >
> >
> >
> > Il est très surprenant de voir ces prises de position agressives à l’égard de la néphrologie où la prise en charge des patients est l’une des meilleures au monde. Vouloir opposer la dialyse et la greffe n’a aucun sens. Tout patient insuffisant rénal passe par la dialyse et la greffe pendant son parcours. Nos patients ont besoin d’une dialyse de qualité et d’une greffe de qualité.
> >
> >
> >
> > Il est vrai que le traitement par dialyse est très onéreux. Mais il est vrai aussi que la dialyse en France est de haute qualité. Vouloir diminuer les tarifs de dialyse risque de rendre de plus en plus difficile la mise à disposition d’une diététicienne, d’une assistante sociale ou d’un psychologue. Les dialyses de durée adaptées aux besoins des patients risquent de disparaitre pour aller vers une dialyse de durée identique pour tous. Nous avons aujourd’hui une réglementation qui impose une infirmière pour 4 patients dans les centres de dialyse. Où sera la qualité si demain on autorise une infirmière pour 6 patients ?
> >
> >
> >
> > Des changements, pourquoi-pas ? S’ils se font dans la transparence.
> >
> >
> >
> > On peut comprendre que notre pays souhaite faire des économies dans le domaine de la santé. Cependant, si des économies sont décidées, leurs conséquences sur la qualité du traitement doivent être expliquées aux patients.
> >
> >
> >
> > Plaidoyer pour une réflexion sereine sur le traitement de l’insuffisance rénale chronique.
> >
> >
> >
> > Aujourd’hui, des réflexions sont nécessaires pour améliorer certains 
> > aspects du traitement de l’insuffisance rénale chronique en France. 
> > Plusieurs propositions ont été faites par la Société Francophone de 
> > Néphrologie Dialyse et Transplantation qui réunit des néphrologues 
> > exerçant dans tous les secteurs, public, privé et associatif. 
> > Contrairement à ce qui est dit dans l’article de Mediapart, les 
> > néphrologues sont d’accord entre eux sur l’essentiel : préserver la 
> > qualité du traitement
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