[Renaliste] Don de rein: problème médical et d'éthique

Patrick Ruedin Patrick.Ruedin at bluewin.ch
Dim 13 Déc 15:24:48 CET 2015


Merci pour les paroles pleine de sagesse  de Joseph Pollini qui a très bien
perçu l¹intention amoureuse du donneur et l¹acceptation non moins amoureuse
de sa femme; les paroles de Joseph  " sérénisent "   ma médiation.

Patrick Ruedin

De :  joseph pollini <joseph.pollini at wanadoo.fr>
Répondre à :  RENALISTE <renaliste at nephrodial.org>
Date :  dimanche, 13 décembre 2015 15:02
À :  RENALISTE <renaliste at nephrodial.org>
Objet :  Re: [Renaliste] Don de rein: problème médical et d'éthique

Quelques réflexions, en guise de réponse à la question posée par notre
collègue suis  Patrick Ruedin
- La crainte de P Bindi est tout à fait compréhensible, et n¹est pas sans
fondement, mais je ne répondrai pas de façon aussi tranchée à cette demande
, c¹est à dire en mettant en avant seulement le « pouvoir », que l¹on craint
croissant des patients, par rapport à celui des médecins et de la société,
via la loi!
- Je ne pense pas qu¹il s¹agit là d¹un  "caprice" ou d¹un  "fantasme"  mais
simplement du désir de prolonger, pour un couple, leur temps de vie qui leur
reste, à être ensemble comme ils le désirent!
- Les risques étant important pour les deux j¹avoue que , personnellement ,
je ne serais pas du tout favorable à un tel projet, et ce pas seulement
parce qu¹il me parait contraire à mon éthique personnelle !
Je vais essayer d¹expliquer pourquoi, même si le problème posé est
effectivement très complexe, mais il a été bien posé.
- Je considère en effet, même si cela peut paraître très difficile, qu¹il
faut essayer de convaincre ces deux personnes, liées par un amour fort et
partagé,  de réfléchir plus encore sur les raisons de leur choix ainsi que
sur les raisons qui ont conduit jusqu¹à présent les médecins consultés,
pourtant aussi compétents que  motivés et appartenant à des équipes
différentes, à exprimer chaque fois d¹extrêmes réserves et un  avis négatif.
- Ces deux « candidats" devraient mieux  comprendre ainsi pourquoi le
médecin ne peut avoir pour seul rôle et  pour mission, du moins dans chacune
des situations qui se présentent à lui,  de permettre à chacun de ses
malades d¹aller dans le sens où il le désire, et ce quelles qu¹en soient les
raisons. Ce type de débat me fait penser à un autre débat, différent mais
quasi du même ordre, qui est celui qui concerne la fin de vie et
l¹euthanasie ou le suicide assisté...
- Je crois fermement qu¹il ne suffit pas de leur signifier notre refus de «
collaborer »à leur projet  mais qu¹il faut tout faire aussi  pour les
accompagner dans leur fin de vie ( même si celle-ci risque d¹être longue et
sans doute semée d¹autres embuches). Et pour cela il convient impérativement
conserver le contact, et leur confiance!
Leur  amour  est un atout important, surtout pour ce "vieux couple », pour
les aider à surmonter les obstacles rencontrés et pour en partager les
difficultés comme les douleurs et bien sûr, espérons le, les joies à venirŠ
L¹un est confronté avec une IRC et les contraintes de la dialyse, l¹autre
avec un néo prostatique et ses conséquences. Leurs liens seront encore plus
mis à l¹épreuve au cours des années à venir et sans doute renforcés...
- La greffe à partir d¹un donneur vivant, son conjoint, dans ces conditions,
n¹apportera pas à mon avis le bien être et le confort espérés, du moins tant
qu¹ils garderons leur confiance envers leur médecin et le personnel soignant
auxquels ils se sont confiés.
-  Il n¹y a jamais, ou il ne devrait jamais y avoir en médecine, de réponse
simple binaire devant de tels problèmes de conscience, ou d¹éthiqueŠC¹est à
ce niveau que le « métier » ( ministère) de médecin est le plus difficile et
le plus noble, en toute humilité..
Bon courage, 
de la part d¹un néphrologue retraité ( Ex- PH à Avignon) depuis 2007, et
marié depuis 52 ans !
> Le 13 déc. 2015 à 13:12, Pascal BINDI <pbindi at ch-verdun.fr> a écrit :
> 
> Dossier pour moi typique de la dérive où nous allons doucement, où le patient
> deviendra le décideur d¹options qui n¹engagent pas que lui-même et dans
> lesquelles il sera juge et partie, sans les compétences nécessaires. Le
> médecin n¹est pas un simple effecteur des caprices et des fantasmes de
> toute-puissance  de ses patients.
> Bien cordialement.
> P Bindi
>  
> De : Renaliste [mailto:renaliste-bounces at nephrodial.org] De la part de Patrick
> Ruedin
> Envoyé : dimanche 13 décembre 2015 12:56
> À : RENALISTE
> Objet : [Renaliste] Don de rein: problème médical et d'éthique
>  
> Chères(ers) Collègues,
>  
> Je suis très intéressé de connaître vos avis sur le problème de don de rein
> exposé ci-dessous.
>  
> Il s¹agit d¹une patiente de 74 ans, bien que de frêle constitution, en bonne
> santé hormis une insuffisance rénale au stade 5 (DFG à 11 mL/min/1.73m2) sur
> une maladie polykystique dont le bilan complet de prétransplantation n¹a
> montré aucune contre-indication. Son mari, du même âge, ancien enseignant très
> lié à son épouse, s¹est proposé comme donneur. Or, vu une assez forte
> élévation du PSA dans le bilan, des biopsies prostatiques ont mis en évidence
> un microcarcinome prostatique. L¹angio CT a révélé des adénopathies
> rétropéritonéales suspectes dont une a été biopsiée; le diagnostic est une
> métastase ganglionnaire d¹un adénocarcinome compatible avec une origine
> prostatique.
>  
> L¹urologue, qui suit le patient, a débuté un traitement hormono-ablatif et
> doute du risque pour sa femme en cas de transplantation.
>  
> Le centre de transplantation, qui a récusé le donneur pour des raison de
> contradiction avec les guidelines  habituels et les  valeurs du centre, a pris
> contact avec deux centres aux USA pour partager son avis de refus de ce don
> vivant dans ces conditions.
>  
> Les médecins de la Mayo Clinic, Mikel Prieto chirurgien transplanteur et Igor
> Frank, urologue expert dans le cancer de la prostate, sont contre ce projet de
> don vivant. Nina Rubin, du Transplant Center à Boston (MGH) est aussi à 100 %
> contre un tel projet.
>  
> Les motifs évoqués sont, pour le donneur, le risque de développer une
> obstruction post-rénale, soit par la maladie elle-même ou par le traitement
> choisi (radiothérapie par ex.) et, pour la receveuse, un risque de
> transmission du carcinome probablement faible, mais largement inconnu.
>  
> Voilà le dilemme exposé de façon succincte, mais littéralement concernant les
> avis exposés. Cette concertation auprès des abonnés de renaliste est faite
> avec l¹accord du centre de transplantation que j¹ai informé de ma démarche.
>  
> Je dois encore vous dire que le donneur et la receveuse sont bien décidés à
> effectuer la procédure  de don vivant après avoir été informés complètement
> sur les risques mentionnés. Il s¹agit donc ici, me semble.-t-il, d¹une
> importante difficulté de pesée d¹intérêt entre risque médical et éthique que
> j¹ai beaucoup de peine à évaluer, d¹où mon intérêt à requérir votre avis et
> éventuellement  votre expérience relative à des situations similaires.
>  
> Je suis aussi très emprunté dans cette situation car je suis le relais entre
> le couple et les transplanteurs et je souhaite pouvoir accompagner au mieux ce
> couple profondément affecté par le refus du centre de transplantation.
>  
> Merci de me faire connaître vos avis et vos expériences.
>  
> Bien cordialement.
> Patrick Ruedin
>  
> Dr Patrick RUEDIN, PD
> Médecine interne-Néphrologie FMH
> Avenue de la Gare 3
> CH-3960 SIERRE
> Suisse
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