[Renaliste] Don de rein: problème médical et d'éthique

Pascal BINDI pbindi at ch-verdun.fr
Dim 13 Déc 13:12:21 CET 2015


Dossier pour moi typique de la dérive où nous allons doucement, où le patient deviendra le décideur d'options qui n'engagent pas que lui-même et dans lesquelles il sera juge et partie, sans les compétences nécessaires. Le médecin n'est pas un simple effecteur des caprices et des fantasmes de toute-puissance  de ses patients.
Bien cordialement.
P Bindi

De : Renaliste [mailto:renaliste-bounces at nephrodial.org] De la part de Patrick Ruedin
Envoyé : dimanche 13 décembre 2015 12:56
À : RENALISTE
Objet : [Renaliste] Don de rein: problème médical et d'éthique

Chères(ers) Collègues,

Je suis très intéressé de connaître vos avis sur le problème de don de rein  exposé ci-dessous.

Il s'agit d'une patiente de 74 ans, bien que de frêle constitution, en bonne santé hormis une insuffisance rénale au stade 5 (DFG à 11 mL/min/1.73m2) sur une maladie polykystique dont le bilan complet de prétransplantation n'a montré aucune contre-indication. Son mari, du même âge, ancien enseignant très lié à son épouse, s'est proposé comme donneur. Or, vu une assez forte élévation du PSA dans le bilan, des biopsies prostatiques ont mis en évidence un microcarcinome prostatique. L'angio CT a révélé des adénopathies rétropéritonéales suspectes dont une a été biopsiée; le diagnostic est une métastase ganglionnaire d'un adénocarcinome compatible avec une origine prostatique.

L'urologue, qui suit le patient, a débuté un traitement hormono-ablatif et doute du risque pour sa femme en cas de transplantation.

Le centre de transplantation, qui a récusé le donneur pour des raison de contradiction avec les guidelines  habituels et les  valeurs du centre, a pris contact avec deux centres aux USA pour partager son avis de refus de ce don vivant dans ces conditions.

Les médecins de la Mayo Clinic, Mikel Prieto chirurgien transplanteur et Igor Frank, urologue expert dans le cancer de la prostate, sont contre ce projet de don vivant. Nina Rubin, du Transplant Center à Boston (MGH) est aussi à 100 % contre un tel projet.

Les motifs évoqués sont, pour le donneur, le risque de développer une obstruction post-rénale, soit par la maladie elle-même ou par le traitement choisi (radiothérapie par ex.) et, pour la receveuse, un risque de transmission du carcinome probablement faible, mais largement inconnu.

Voilà le dilemme exposé de façon succincte, mais littéralement concernant les avis exposés. Cette concertation auprès des abonnés de renaliste est faite avec l'accord du centre de transplantation que j'ai informé de ma démarche.

Je dois encore vous dire que le donneur et la receveuse sont bien décidés à effectuer la procédure  de don vivant après avoir été informés complètement sur les risques mentionnés. Il s'agit donc ici, me semble.-t-il, d'une importante difficulté de pesée d'intérêt entre risque médical et éthique que j'ai beaucoup de peine à évaluer, d'où mon intérêt à requérir votre avis et éventuellement  votre expérience relative à des situations similaires.

Je suis aussi très emprunté dans cette situation car je suis le relais entre le couple et les transplanteurs et je souhaite pouvoir accompagner au mieux ce couple profondément affecté par le refus du centre de transplantation.

Merci de me faire connaître vos avis et vos expériences.

Bien cordialement.
Patrick Ruedin

Dr Patrick RUEDIN, PD
Médecine interne-Néphrologie FMH
Avenue de la Gare 3
CH-3960 SIERRE
Suisse

Tél: +41/(0)27 456 30 30
Fax: +41/(0)27 456 30 31

Patrick.Ruedin at bluewin.ch<mailto:Patrick.Ruedin at bluewin.ch>



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