[Renaliste] HAS - Hau Secours suite

COUPEL Stéphanie scoupel at echo-sante.com
Sam 31 Mar 10:09:04 CEST 2012


Bonjour,
Je suis tout à fait d'accord avec vous et vos arguments. Nous vivons en
perpétuelle contradiction entre bonne volonté, amélioration, et,
l'obligation de rendre des comptes alors que l'objectif au départ de ces
démarches d'évaluation était intéressant. Mais, elles se sont
démultipliées, gérées par des intervenants externes dont le métier est à
plein temps ces évaluations avec une formation de management d'entreprise.
On en arrive à remplir des cases sans qu'elles reflètent à coup sûr la
réalité.... Avec à la suite des décisions...
Il y a probablement une réflexion générale à avoir sur comment gérer les
métiers et l'organisation du travail.
En tous les cas, vouloir le dénoncer ensemble est important.
A bientôt,
Stéphanie COUPEL,
Association ECHO
Nantes.

-----Message d'origine-----
De : renaliste-bounces at nephrodial.org
[mailto:renaliste-bounces at nephrodial.org] De la part de Etienne ROBIN
Envoyé : vendredi 30 mars 2012 22:13
À : renaliste at nephrodial.org
Objet : Re: [Renaliste] HAS - Hau Secours suite

Message de la liste nephrologique francophone RENALISTE
----------------------------------

  *

Merci, Pascal, de souligner que l'enquête COMPAQ qui nous pend au nez,
comme tu dis, pose problème.

Je suis complètement de ton avis, à une nuance près : il me semble que
cette enquête n'est pas principalement lancée dans un but épidémiologique.
Elle ressemble plutôt à un outil pour évaluer, surveiller, publier (et
sanctionner) la qualité de nos pratiques, ou plus exactement les items
censés refléter cette qualité.

La reflètent-ils vraiment? On peut en douter, et c'est un premier
problème.

Nous manquons cruellement de temps pour faire en sorte que dans nos
centres tout soit optimal, à tout moment, pour tous nos malades. C'est
même un objectif inatteignable.

On voit bien qu'il y a des centres qui sont excellents en matière de
"gestion" de fistule, d'autres en matière de quantification de la dialyse,
d'autres dans le domaine de l'attention portée à la qualité de vie
quotidienne des patients.

Il y a des néphrologues obsessionnels de la cible d'hémoglobine, d'autres
de la cible de phosphorémie, et d'autres encore de la vitamine D.

Il y a des équipes qui mettent leur énergie dans l'éducation
thérapeutique, et d'autres qui passent des heures à communiquer avec les
généralistes pour que les polytraitements de nos dialysés ne soient pas
trop incohérents.

Il y a des obsédés du poids sec idéal, des acharnés à inscrire le plus de
candidats possibles sur la liste de greffe, d'autres encore qui font
pédaler leurs malades en milieu de séance, et puis encore d'autres qui
s'épuisent à corriger l'insidieuse sarcopénie, et dans chacun de ces
quatre groupes, on est persuadé de s'investir dans la direction qui est
essentielle au bien-être à long terme du patient.

Certains s'échinent à développer l'HDF car rien ne saurait égaler les
échanges convectifs, d'autres se ruinent la santé pour convaincre leurs
patients que rien ne vaut la dialyse longue, tandis que d'autres encore,
il n'y a pas si longtemps, ont passé un temps fou à miser sur le dialysat
ultrapur. Et les uns comme les autres sont convaincus d'oeuvrer pour
l'élément majeur de la qualité.

Etc. etc.

Mais trouvez-moi une équipe qui fasse tout comme il faudrait...

Je crois que c'est plus facile de trouver des équipes qui s'efforcent
d'être attentives à un peu tout, tant bien que mal. Et qui y parviennent
moins bien chaque fois que leur tombe dessus une initiative du type
Compaq, tellement fastidieuse, paperassière et chronophage, qu'elle leur
fait abandonner momentanément leurs malades. En d'autres termes, une étude
censée étudier la qualité, et être un stimulant pour l'améliorer, a toutes
chances en réalité de l'amoindrir, volens nolens comme on dit sur France
Culture.

Je ne dis pas que les enquêtes de qualité ne sont pas bonnes en
elles-mêmes. Je dis que dans le contexte actuel (qui n'est pas près de
s'améliorer) où les équipes de néphrologues sont clairsemées,
vieillissantes, constamment au galop et au taquet, les responsables qui
imaginent que nous pouvons passer des jours à nous former aux outils de
recueil (logiciels Lotas et Qualhas, qui riment avec des mots pas
sympathiques), puis encore des jours à saisir et transmettre les données,
vivent sur une planète où on n'a pas la même notion du réel que nous.

Mais ce n'est pas une découverte. Un collègue (non néphrologue) me disait
que bientôt, il passerait davantage de temps à indiquer quels soins il
dispense, que de temps à dispenser ces soins. C'est aussi ce qu'on a
entendu naguère à Paris, à l'occasion d'HPST je crois (?), dans les
assemblées générales des médecins AP-HP où même les mandarins exprimaient
leur lassitude d'avoir, depuis plusieurs années, passé leur temps à des
réunions qui dissèquent et réforment tout en n'améliorant pas grand-chose.


Autre remarque : si on nous dit que Compaq est destiné à évaluer la
qualité, pour la faire connaître aux usagers qui en ont bien le droit, et
pour l'améliorer, je crois qu'on est en droit de sourire : l'expérience
montre que quand on a le souci de faire savoir qu'on est performant, on
n'est, de fait, pas très éloigné de la tromperie. Il n'y a qu'à voir avec
quelle fermeté, lors des visites d'accréditation, nous sommes sommés de ne
pas laisser voir nos insuffisances (pardon : nos marges de progression, en
langage politiquement correct). On nous enjoint même à mots couverts de
consommer les hectolitres de S.H.A. règlementairement attribués, quitte à
les vider dans le lavabo.

Tout critère de qualité qu'on promeut au grade d'indicateur de qualité
cesse d'être un moyen de soigner correctement, et devient très vite une
fin pour obtenir une bonne note, et avec celle-ci les picaillons dont on
récompense les bons élèves, plus exactement les élèves bien notés. Un jour
peut-être, ce sera le cas du Kt/V.

Qu'est-ce qui produit vraiment un surcroît de qualité? Les
démarches-qualité entreprises par les non-soignants, ou le désir de bien
faire, l'intense désir de bien faire, qui est la motivation de la plupart
des soignants (quand on ne le décourage pas)?

Compaq procède sûrement d'une bonne intention, mais me paraît inopportun,
néfaste dans l'immédiat, potentiellement mystificateur, sûrement coûteux.

Si on avait du temps, de l'argent et du personnel, entièrement d'accord.
Mais dans le contexte actuel, qu'on accepte cela alors qu'on a bien mieux
à faire, ce n'est pas bon signe pour ce qu'est en train de devenir la
médecine

Amitiés

E. Robin

 ******************************************

Pascal BINDI <pbindi at ch-verdun.fr> a écrit:

> Message de la liste nephrologique francophone RENALISTE
> ----------------------------------
> Bonjour à tous,
> J'ai évoqué récemment l'enquête COMPAQ qui nous pend au nez, quel que
> soit notre excercice, et certains d'entre vous ont donné un avis sans
> appel sur la multiplication de ces paperasses. J'ai donc écrit à notre
> président Maurice Laville qui est conscient de l'incohérence des
> approches épidémiologiques actuelles et s'apprête à en saisir le
> bureau de la Société.
> Pour transformer l'essai de manière positive, et sans vouloir faire de
> RENALISTE la tribune d'un « printemps de la néphro », je vous propose
> ces quelques réflexions et suggestions :
>
>  *   Nous sommes tous persuadés de la nécessité d'un registre
> épidémiologique dans notre pays. REIN remplit ce rôle.
>  *   Actuellement REIN est le seul outil qui remplit les critères de
> qualité de base pour la saisie des données, avec en particulier
> l'intervention d'ARC. Ceci n'est pas le cas des enquêtes
> administratives qu'on nous demande de remplir à l'arraché et sans
> système d'évaluation.
>  *   REIN est aujourd'hui largement sous-utilisé, notamment par les
> tutelles qui pour certaines ne savent même pas que ce registre existe.
>  *   Convaincus qu'on nous demandera de plus en plus de comptes sur
> nos pratiques, il paraît plus logique d'ajouter quelques items au
> registre et de s'en tenir à une source unique d'informations, de
> surcroît validée, et contrôlable par les professionnels de terrain.
>
> Je précise que ces réflexions sont purement personnelles et que je ne
> suis chargé d'aucune mission. Elles viennent de quelqu'un qui, comme
> vous, a les deux avant-bras dans la pâte et qui ne se voit pas passer
> d'autres week-ends à remplir des formulaires. J'attends vos critiques
> et suggestions et suis prêt à les faire remonter au bureau de la
> Société, qui est à mon avis l'instance qui doit se saisir de ce
> problème. Merci de vos réponses.
> Amicalement.

> P Bindi

>
_______________________________________________
Si vous souhaitez modifier votre abonnement cliquez sur l'adresse :
http://rdplf.vps-hostingfr.com/mailman/listinfo/renaliste
RENALISTE est hébergé gracieusement par le RDPLF (http://www.rdplf.org)


Plus d'informations sur la liste de diffusion Renaliste