[Renaliste] Dissociation FR et anti-CCP2 avec SN
Dilaver Erbilgin
dilaver.erbilgin at cocagne.com
Mer 11 Mar 19:52:36 CET 2009
Plaquiste salarié, 36 ans, s’est présenté à la consultation de
médecine interne pour l’évaluation de raideur des doigts. Le médecin
traitant a trouvé un titre élevé de facteur rhumatoïde.
Ses antécédents familiaux sont peu contributifs. Il n’a pas de
descendant. Il a fait son service militaire en février 1992, sans
qu’aucune anomalie biologique ait été signalée. Pas plus d’ailleurs
que lors de son opération pour fracture-luxation du styloïde radiale
droite en janvier 2003 (absence de données biologiques dans le
dossier). C’est surtout l’épisode « phlegmon » des membres supérieurs
survenu en mars 2007 qui intrigue. Les difficultés de préhension
datent de cette époque. Elles ont été attribuées aux contraintes
physiques inhérentes à sa profession.
Il s'agit d'un ancien toxicomane (éroïne, cocaïne, morphine). Sa
dépendance est actuellement maitrisée par buprenorphine (SUBUTEX). La
consommation d’alcool a été fortement réduite depuis 8 mois mais
persiste. Le tabagisme est évalué à 22 années-paquet et franchement
actif actuellement.
A l’interrogatoire le patient signale l’apparition d’un œdème péri-
orbital matinal qui n’a pas duré très longtemps.
A l’examen clinique, le poids est de 79,8 kg pour 1,65 m. Le poids
normal habituel est au maximum à 72 kg. La tension artérielle est de
184/80 mmHg avec des pulsations régulières à 75 bpm. Le B2 est bien
claqué au foyer pulmonaire. Il existe un reflux hépatojugulaire et des
œdèmes dures prenant toutefois le godet au niveau des membres
inférieurs mais aussi des mains.
La biologie fait état d’une insuffisance rénale avec filtration
glomérulaire résiduelle selon MDRD4 à 40 ml/min/1.73 m2. Il n’y a pas
d’hypercholestérolémie mais une importante hypo-albuminémie. L’anémie
dysproportionnée au stade III d'IR est à mettre sur le compte du
important syndrome inflammatoire. L’existence du facteur rhumatoïde à
titre très élevé est confirmée mais il existe une dissociation avec
les anti-CCP2 sans qu'il y ait des anticorps anti-HCV. Cette
dissociation incite malgré la négativité de la sérologie HCV et HIV à
rechercher les cryoglobulines qui reviennent très positives (la
quantification en cours, le biologiste n'en avait jamais vu autant
dans un tube de sérum). Il n'y a pas de pic monoclonal. Les auto-
anticorps sont tous négatifs.
La protéinurie massive à 11.2g/1.73 m2 ce qui correspondrait 12.1 g/
24H dans son cas. Il y a une hématurie microscopique.
Où est le problème?
J'ai du mal à me résoudre au diagnostic d'une membrano-proloférative
(biopsie prévue demain matin) idiopathique dans ce contexte de
toxicomanie quand je sais qu'un traitement spécifique peut s'avérer
salvateur. Or, un chaînon essentiel manque: HCV HBV ou HIV. Le labo
refuse la recherche d'ARN viral dans le cryoprécipité (qui contient
peut-être les anticorps anti HCV).
Le labo me dit s'il y en a dans le cryoprécipité, il devrait y en
avoir dans le sérum. En pratique, ce serait rarement utile (From
UpToDate: While candidate antigens have been detected in the
cryoprecipitate (eg, hepatitis B or C) these viral proteins are
typically present in serum as well. Assaying the CG for such antigens
is seldom, if ever, clinically indicated) ce qui ne veut pas dire
jamais. Il peut en effet s'agir d'un très faible taux de réplication
capable d'entretenir la cryoglobulinémie.
Pensez-vous que je dois insister compte tenu des possibles retombées
thérapeutiques? Ou, dois-je me résoudre à la "médecine comtemplative"?
Connaissez-vous des laboratoires d'immunologie de pointe qui me rendra
ce service?
Merci
DE
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