[Renaliste] Revoilà Rambo et son risque d'insuffisance rénale

Ven 28 Mar 10:24:23 CET 2008

   BONJOUR

   PLUSIEURS LECTEURS DE RéNALISTE ONT BIEN VOULU S'INTéRESSER AU CAS  
CLINIQUE EXPOSé SUR CETTE LISTE LE MOIS DERNIER: HOMME SPORTIF DE 48  
ANS, HYPERMUSCLé ET GROS CONSOMMATEUR DE PROTéINES, à LA FONCTION  
RéNALE INCERTAINE APRèS 20 ANS DE CE MODE DE VIE. C'EST POURQUOI  
J'AJOUTE AU DéBAT LES DONNéES (TRèS RéSUMéES) D'UNE MODESTE RECHERCHE  
BIBLIOGRAPHIQUE:

   1. CéLèBRE PUBLICATION PRINCEPS CONNUE DE TOUS: LES PRODUITS DU  
MéTABOLISME PROTéIQUE, SELON L'HYPOTHèSE HISTORIQUE DE BRENNER,  
ENTRAîNENT, EN CAS D'IRC, UNE HYPERPRESSION GLOMéRULAIRE ET UNE  
HYPERFILTRATION DANS LES &QUOT;NéPHRONS RESTANTS&QUOT; QUI EST  
DéLéTèRE (_Hostetter and Brenner, Hyperfiltration in remnants  
nephrons: A potentially adverse response to renal ablation, Am J  
Physiol. 1981; 24:F85-93_).

   2. L'IMPACT LéSIONNEL DE CE STRESS D'HYPERFILTRATION EST  
AUJOURD'HUI éTABLI CHEZ LES INSUFFISANTS RéNAUX, MAIS PAS CHEZ LES  
SUJETS SAINS à FONCTION RéNALE NORMALE. ET PAS DAVANTAGE CHEZ LES  
SUJETS à RISQUE RéNAL POTENTIEL (HYPERTENDUS, OBèSES,  
HYPERLIPIDéMIQUES) QUAND LEUR FONCTION RéNALE EST &QUOT;ENCORE&QUOT;  
NORMALE, ET QU'ILS SE SOUMETTENT à UN RéGIME HYPERPROTéINé DANS LE BUT  
DE CORRIGER LEUR SURPOIDS ET LEUR HTA. ET PAS NON PLUS CHEZ LES  
ATHLèTES QUI ONT L'HABITUDE DE CONSOMMER 2G.KG.JOUR DE PROTéINES. IL  
N'Y A DONC PAS DE PREUVE SUFFISANTE NOUS PERMETTANT DE DéCONSEILLER AU  
GRAND PUBLIC LES RéGIMES HYPERPROTéINéS DANS LE BUT HYPOTHéTIQUE DE  
PRéSERVER LA FONCTION RéNALE _(W. F. Martin, Nutrition and Metabolism  
2005, 2:25) (www.nutritionandmetabolism.com)._

   3. ANALYSE TRèS PEU DIFFéRENTE POUR _K. Lentine (Current Opinion in  
Nephrology and Hypertension 2004, 13:333-336):_ L'ALIMENTATION RICHE  
EN PROTéINES EST NéFASTE POUR UN REIN DéJà ALTéRé (REINS NATIFS, ET  
REINS TRANSPLANTéS AVEC DYSFONCTION RéNALE LéGèRE.). CELA POURRAIT  
êTRE VRAI AUSSI DANS LA POPULATION GéNéRALE AVEC HTA ET DIABèTE.

   4. CONTROVERSE DANS _Journal of the American Dietetic Association  
2007 ; 107:1722:_
Pour A. Manninen, homo sapiens et ses ancêtres sont des primates  
chasseurs, donc adaptés depuis 3 millions d'années à une alimentation  
exclusivement protidique (viande crue), même si homo sapiens s'est mis  
aux céréales depuis 10 000 ans (seulement). L'hypothèse selon laquelle  
les protéines sont délétères pour le rein est donc "biologiquement  
illogique". A. Berstein réplique que ce raisonnement téléologique ne  
sera pas convaincant tant qu'on ignorera la fonction rénale des hommes  
préhistoriques. Pour lui, il se peut que les protéines soient  
délétères pour le rein normal, tout comme il se peut qu'elles ne le  
soient pas.

   5. LA NURSES' HEALTH STUDY  éTABLIT QUE CHEZ LES FEMMES à FONCTION  
RéNALE INITIALEMENT NORMALE, UN APPORT ALIMENTAIRE éLEVé EN PROTIDES  
N'INFLUENCE PAS LA FONCTION RéNALE, SUR UNE DURéE DE 11 ANS. MAIS IL  
L'INFLUENCE NéGATIVEMENT CHEZ LES FEMMES AYANT INITIALEMENT UNE IRC  
LéGèRE _(E. Knight, Ann Intern Med. 2003; 138: 460-467)._

   6. LES RéGIMES HYPERPROTéIQUES SONT PRéCONISéS AUX USA POUR OBTENIR  
UNE PERTE DE POIDS CHEZ LES OBèSES. ILS POURRAIENT êTRE NéPHROTOXIQUES  
EN AUGMENTANT LE POOL CIRCULANT DES AGE (ADVANCED GLYCATION END  
PRODUCTS). DE FAIT, CES AGE S'ACCUMULENT DANS LE MéSANGIUM. MAIS IL  
S'AGIT D'UNE POPULATION DE DIABéTIQUES _(J. Uribarri, Clin J Am Soc  
Nephrol 2006, 1: 1293-1299)._

   7. A. BAUMELOU PRéSENTE UN CAS CLINIQUE D'INSUFFISANCE RéNALE AIGUë  
DUE à L'ACYCLOVIR CHEZ UN CULTURISTE. CELUI-CI PRATIQUE LE  
BODY-BUILDING, ABSORBE RéGULIèREMENT DE LA CRéATINE POUR SPORTIFS, ET  
S'ADMINISTRE DES ANABOLISANTS. L'ARTICLE RAPPELLE QUE LA  
SUPPLéMENTATION EN CRéATINE CHèRE AUX CULTURISTES N'EST, EN PRINCIPE,  
PAS NéPHROTOXIQUE. A LA DIFFéRENCE D'UN RéGIME HYPERPROTIDIQUE USUEL  
(ACIDES AMINéS), L'APPORT DE CRéATINE NE PROVOQUE PAS  
D'HYPERFILTRATION. MAIS LES EFFETS à TRèS LONG TERME N'EN SONT PAS  
CONNUS _(A. Baumelou, Séminaire d'Uro-Néphro de La Pitié-Salpêtrière,  
2002, p132-133)._

   MAIS QUE DEVIENT LE RAMBO VU EN CONSULTATION à MOULINS, DANS TOUT  
çA? DIREZ-VOUS...

   Il est revenu consulter hier. Je rappelle que sa fonction rénale  
est rassurante quand on regarde la clairance de l'inuline (92  
ml/min/1,73m2), mais que sa créatininémie est impressionnante (162) et  
s'élève d'année en année depuis 20 ans.
De plus, elle n'est pas stable mais fluctue de façon incompréhensible.  
J'ai vérifié, après vos suggestions, que les "pics" ne reflétaient pas  
une rhabdomyolyse, liée à un exercice musculaire ni à une injection IM  
pratiqués juste avant la prise de sang.
Je vais donc, suivant le conseil de certains d'entre vous, comparer  
(et vous communiquer) deux bilans: Le premier lorsque ce sportif mange  
hyperprotidique, fait intensivement du sport et s'injecte des  
androgènes, lors de sa saison sportive (de janvier jusqu'à l'été). Le  
second en automne, pendant sa phase de repos sportif habituelle, en  
lui demandant un sevrage momentané mais total des ses habitudes  
singulières.

   D'ICI Là, JE RESTE PRENEUR DE VOS AVIS ET VOUS EN REMERCIE.

   DR ÉTIENNE ROBIN
etienne-m.robin at wanadoo.fr[1]
- Service de Néphrologie, Hôpital de Moulins
BP 609, 03006 MOULINS CEDEX, France
04 70 35 76 48

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