[Renaliste] Don de rein: problème médical et d'éthique

[Jean-Claude Glachant]

vu sous l'angle éthique et des grands principes de l'éthique.... 
- principe d'autonomie 
on comprend très bien que ce couple parfaitement compétent veuille réaliser ce projet, comme le dit très bien Joseph POLLINI et c'est respectable. 
- principe de bienfaisance 
une transplantation réussie sans complication à cet âge offre certainement une meilleure qualité de vie .... mais sera t'elle réussie, vu le risque carcinologique ? 
- principe de non malfaisance 
le risque carcinologique n'est pas nul tant pour le donneur que le receveur 
la dialyse chronique n'est pas si malfaisante et peut être réalisée à domicile avec amour par le conjoint 
- principe de justice 
est il raisonnable de développer tant de moyens mis à disposition par la collectivité et la solidarité pour ce projet, qui par définition, enlèvera des moyens pour d'autres ... dans une période de contraintes budgétaires. La suisse est riche mais l'est elle à ce point ? 

La reflexion sur ces 4 points nous mène à voir un profond déséquilibre ... seul le principe d'autonomie est parfaitement respecté. 
Personnellement, je pense qu'il n'est pas éthique de proposer cette transplantation de donneur vivant 

bonjour à toutes et tous 




Dr Glachant J.C 
C.H Bourg en Bresse 

Néphrologie Dialyse 
ligne directe 4270 

----- Mail original -----

De: "Patrick Ruedin" <Patrick.Ruedin at bluewin.ch> 
À: "RENALISTE" <renaliste at nephrodial.org> 
Envoyé: Dimanche 13 Décembre 2015 12:56:26 
Objet: [Renaliste] Don de rein: problème médical et d'éthique 

Chères(ers) Collègues, 

Je suis très intéressé de connaître vos avis sur le problème de don de rein exposé ci-dessous. 

Il s’agit d’une patiente de 74 ans, bien que de frêle constitution, en bonne santé hormis une insuffisance rénale au stade 5 (DFG à 11 mL/min/1.73m2) sur une maladie polykystique dont le bilan complet de prétransplantation n’a montré aucune contre-indication. Son mari, du même âge, ancien enseignant très lié à son épouse, s’est proposé comme donneur. Or, vu une assez forte élévation du PSA dans le bilan, des biopsies prostatiques ont mis en évidence un microcarcinome prostatique. L’angio CT a révélé des adénopathies rétropéritonéales suspectes dont une a été biopsiée; le diagnostic est une métastase ganglionnaire d’un adénocarcinome compatible avec une origine prostatique. 

L’urologue, qui suit le patient, a débuté un traitement hormono-ablatif et doute du risque pour sa femme en cas de transplantation. 

Le centre de transplantation, qui a récusé le donneur pour des raison de contradiction avec les guidelines habituels et les valeurs du centre, a pris contact avec deux centres aux USA pour partager son avis de refus de ce don vivant dans ces conditions. 

Les médecins de la Mayo Clinic, Mikel Prieto chirurgien transplanteur et Igor Frank, urologue expert dans le cancer de la prostate, sont contre ce projet de don vivant. Nina Rubin, du Transplant Center à Boston (MGH) est aussi à 100 % contre un tel projet. 

Les motifs évoqués sont, pour le donneur, le risque de développer une obstruction post-rénale, soit par la maladie elle-même ou par le traitement choisi (radiothérapie par ex.) et, pour la receveuse, un risque de transmission du carcinome probablement faible, mais largement inconnu. 

Voilà le dilemme exposé de façon succincte, mais littéralement concernant les avis exposés. Cette concertation auprès des abonnés de renaliste est faite avec l’accord du centre de transplantation que j’ai informé de ma démarche. 

Je dois encore vous dire que le donneur et la receveuse sont bien décidés à effectuer la procédure de don vivant après avoir été informés complètement sur les risques mentionnés. Il s’agit donc ici, me semble.-t-il, d’une importante difficulté de pesée d’intérêt entre risque médical et éthique que j’ai beaucoup de peine à évaluer, d’où mon intérêt à requérir votre avis et éventuellement votre expérience relative à des situations similaires. 

Je suis aussi très emprunté dans cette situation car je suis le relais entre le couple et les transplanteurs et je souhaite pouvoir accompagner au mieux ce couple profondément affecté par le refus du centre de transplantation. 

Merci de me faire connaître vos avis et vos expériences. 

Bien cordialement. 
Patrick Ruedin 

Dr Patrick RUEDIN, PD 
Médecine interne-Néphrologie FMH 
Avenue de la Gare 3 
CH-3960 SIERRE 
Suisse 

Tél: +41/(0)27 456 30 30 
Fax: +41/(0)27 456 30 31 

Patrick.Ruedin at bluewin.ch 




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