[Renaliste] dosage iteratif du BNP en hémodialyse

charles chazot chchazot at gmail.com
Lun 1 Oct 22:39:00 UTC 2012


Bonjour
Tout est dit dans le message de JP Bourdenx. C'est un peu la CRP du coeur...
Nous faisons aussi le dosage mensuel même s'il représente un coût
supplémentaire  car il permet une optimisation de la prise en charge de
l'état d'hydratation avec une anticipation des accidents sévères de
surcharge.  Nous le faisions initialement tous les 3 mois mais l'expérience
nous a montré que cette fréquence ne permettait pas d'anticiper
suffisamment.
Nous avons aussi beaucoup de patients avec des BNP normaux mais le niveau
dépend de l'état cardiaque. C'est la variation qui importe une fopis qu'on
a identifié par les dosages répétés un niveau de base.
Je pense enfin que c'est un marqueur précieux chez les patients
hospitalisés cataboliques qui maigrissent rapidement. Il faut alors le
faire de façon hebdomadaire. La conduite de
la déshydratation nécessaire est bien aidé par ce marqueur. Ma seule
restriction est que trés probablement l'inflammation peut jouer un rôle
dans son augmentation au cours des états infectieux. Mais il y a peu de
choses dans la littérature à ce sujet.
A bientôt
C Chazot

Le 1 octobre 2012 17:05, Jean-Philippe Bourdenx <jpbourdenx at me.com> a écrit
:

> Message de la liste nephrologique francophone RENALISTE
> ----------------------------------
> Bonjour,
> nous utilisons dans le service, depuis 7 ans, le dosage mensuel du BNP
> avant dialyse ... et il nous semble que c'est un outil extrêmement utile ,
> à condition de bien s'entendre sur sa signification
>
>         - on ne doit parler (pour nous) que du dosage du BNP
>                 le NT-BNP est trop amplifié par l'âge et le niveau
> d'insuffisance rénale
>                 dans notre expérience, il faut diviser par un facteur 10
> le taux de NT-BNP pour estimer celui du BNP
>                 il faut donc se battre avec les laboratoires pour obtenir
> le dosage du bon fragment
>                 doser le marqueur après dialyse peut se justifier mais on
> introduit alors une variable de plus (l'épuration du peptide) dans le
> raisonnement : c'est déjà assez compliqué !
>
>         - le BNP est un marqueur NON SPECIFIQUE mais très SENSIBLE de
> contrainte (distension) ventriculaire (essentiellement GAUCHE) :
>                 c'est un peptide de très courte demi-vie (une
> échocardiographie à 15 jours peut ne pas expliquer le taux mesuré)
>                 il s'élève en situation de contrainte pressionnelle,
> hypertrophique, valvulaire, fonctionnelle (corrélation inverse avec le
> degré de dysfonction) et volémique
>                 l'explication est souvent multifactorielle (il ne faut pas
> vouloir lui faire dire qu'une seule chose !)
>                 il ne s'agit donc pas seulement d'un marqueur
> d'insuffisance cardiaque même si c'est la baisse de la fraction d'éjection
> qui le fait monter le plus
>                 ce n'est pas un bon marqueur du coeur droit
>                 un BNP élevé doit être interprété en fonction du contexte
> cardiovasculaire et des résultats d'une bonne et quasi "synchrone"
> échocardiographie (dont les conditions de remplissage ventriculaire gauche,
> les mesures de masse VG, FE, VCI,  etc ...)
>
>                 il peut être parfaitement normal (< 100) chez nos patients
> dialysés même ayant des antécédents cardiovasculaires : c'est à dire que
> diverses interventions thérapeutiques peuvent permettre sa normalisation
>                 il est toutefois souvent impossible à normaliser si la
> cardiopathie est sévère ; il convient alors de raisonner sur les variations
> du BNP pour comprendre la tendance et fixer le BNP "habituel optimal" du
> patient
>                 toute variation à la hausse sans contexte clinique
> cardiologique patent est évocatrice d'une dérive du poids sec et incite à
> "sécher" le patient avant de voir apparaitre les signes d'intolérance
>
>         - il est doué d'une grande valeur prédictive NEGATIVE c'est à dire
> que, quand il est normal, on peut exclure toute contrainte ventriculaire
> donc être certain d'être au sec
>                 il permet donc de limiter la fréquence des chutes
> tensionnelles en adaptant sans crainte la cible pondérale sans examen
> supplémentaire, ou en évitant les adaptations préventives (parce que le
> patient mange un peu moins de façon transitoire) inutiles du    poids sec
>
>         - il reste un facteur de mauvais pronostic  (dans notre expérience
> les valeurs supérieures à 1000... surtout s'il s'avère impossible d'agir
> sur le niveau du biomarqueur)
>
>         - le néphrologue est réellement acteur de la variation du taux de
> BNP par l'adaptation à la baisse du poids sec, mais aussi par la gestion de
> la nutrition, des anti-HTA, des médicaments de l'HVG, des valvulopathies
> etc ...
>                 cf par ex le travail dans NDT de Charles Chazot
>                 il y a beaucoup de choses à faire sur le plan thérapeutique
>                 le coût de l'examen est certain mais la valeur ajoutée
> indéniable
>
> il nous semble important de doser donc de façon séquentielle ce type de
> marqueur car plus qu'un niveau donné à un instant t, ce qui est importe est
> l'impact de mesures thérapeutiques adaptées et la variation (résultante) du
> niveau du biomarqueur
> Pour info, actuellement, la médiane du BNP dans le service est de 350, 1°
> quartile à 160, 3° quartile à un peu plus de 600
>
> Amicalement
>
> Dr Jean-Philippe Bourdenx
> CTMR Saint-Augustin
> 106 Avenue d'Arès
> 33000 Bordeaux
> jpbourdenx at me.com
>
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