[Renaliste] Fwd: Rénaliste et politique de santé
joseph pollini
joseph.pollini at wanadoo.fr
Mar 24 Nov 18:25:07 CET 2009
Début du message réexpédié ( et "raccourci"!)
> De : joseph pollini <joseph.pollini at wanadoo.fr>
> Date : 20 novembre 2009 17:15:04 HNEC
> À : Liste de discussion des néphrologues francophones <renaliste at nephrodial.org
> >
> Objet : Rép : [Renaliste]
> Bravo les amis,
>
> Bravo les plus jeunes ( du moins que moi sans doute, pour la
> plupart )! J'’apprécie ces échanges de point de vue et cela me met
> du baume au coeur. Il s'’agit bien d'’une plongée au sein d'un
> problème, n'’en dotons pas, de nature politique mais au sens noble
> du terme. Il existe donc encore des néphrologues plus nombreux que
> ce que je craignais, enthousiastes et combatifs au sein de notre
> communauté ! Cela est rassurant, même si tous ne pensent pas de la
> même façon, d'’autant que chacun a un vécu différent , selon son
> ancienneté dans la profession et selon son mode et son lieu
> d'’exercice. Mais en nous référant à l’'action « politique » restons
> très méfiants devant tout ce qui relève plutôt de choix «
> politiciens ».
>
> C’est fou comme Charles Péguy, l'’un de mes maîtres, même pour
> l’'exercice de notre beau métier, est toujours d'’actualité. C'est
> bien lui qui disait, avec l'insistance et le style qui lui étaient
> propres, que « tout parti vit de sa mystique et meurt de sa
> politique » ( in « Notre jeunesse » )! Ce qui dit autrement
> signifie, me semble-t-il, que tout parti, tout engagement public
> dans un groupe de pression, vit de la foi et des convictions
> éthiques de ses membres et meurt de ses lâchetés et de ses
> compromissions de nature "politicienne".
>
> J'’aime suivre, comme je l'’ai fait dans le passé et souhaite encore
> le faire aujourd’hui, ce genre de débat. Permettez encore, à un «
> has been » comme aime dire l’'un des intervenants, que j'’aime
> beaucoup et dont j'’apprécie le franc-parler, d’y participer à ma
> façon et dans la mesure de mes moyens. La discussion qui s’est
> engagée, grâce en définitive à la pétition transmise par Quentin,
> n'’a rien à voir en effet avec la signature ou non de cette
> pétition, même si ceux qui ont choisi ce moyen de pression
> témoignent aussi de leur inquiétude face à l’'évolution de
> l'’hôpital public, établissement de soins qui me paraît en effet
> très menacé, mais ce n'est pas nouveau! Nous paraissons divisés,
> sur des détails, sur l’'analyse faite de la situation dans nos
> hôpitaux, mais je crois que sur l'essentiel ce n'est pas le cas.’
> Toutefois, avons nous le courage de tout dire et de reconnaître que
> derrière ce combat , prioritaire certes, engagé pour défendre notre
> « outil de travail » et nos malades, noble tâche, existent aussi
> des arguments plus corporatistes et moins nobles ?
>
> Cela est humain et normal, car on n'’abandonne pas facilement
> certains « avantages acquis » et on n'’aime pas trop que « les
> autres » viennent mettre leur nez dans nos pratiques et mettre en
> cause nos habitudes ( bonnes comme mauvaises ). À quoi fais-je
> donc ainsi allusion ?
>
> N'est-il pas légitime de noter simplement :
>
> - a ) que la prise de responsabilités, autres que strictement
> techniques et/ou médicales, c’'est à dire de soins, est rarement
> réclamée et est parfois même refusée par les PH , même parmi les
> plus anciens ( chefferies de services , animation de pôles
> d'’activité, participation à la vie de l'’hôpital via la CME et
> diverses réunions médicales , dont certaines sont des séances de
> formation non obligatoires...… ).
>
> - b) que l’'allongement du temps de travail ( pas toujours ni
> correctement rémunéré ) et les contraintes quotidiennes , de jour
> comme de nuit, ne sont pas dans bien des cas bien acceptées ni
> perçues de nos jours comme une caractéristique et une charge
> valorisantes de la profession par tous les praticiens . et ce sous
> prétexte que "la médecine de papa c'’est fini ": base d'’un
> puissant argumentaire, imparable n'est ce pas !
>
> - c ) qu' ’envisager de moduler les salaires en fonction de
> l'’activité réelle et de la pénibilité des charges est encore vécu
> comme une hérésie par la plupart des PH et par tous ceux qui
> préfèrent , comme moyen pour « améliorer l'’ordinaire » le recours
> au secteur privé hospitalier ( inégalement « rentable » pourtant
> selon la discipline, et que certains non sans raisons d’'ordre
> éthique, refusent d’utiliser ). On regarde souvent du côté de nos
> collègues du secteur libéral, qui ont peut-être de meilleurs revenus
> mais en omettant de dire qu’ils acceptent plus facilement de «
> travailler plus ». Et c'’est normal, mais autant le dire ! Ne faut-
> il rien changer à ce niveau?
>
> - d ) que même à l'’hôpital le côté très lucratif parfois et la
> place qu'’occupe le « secteur privé » sont ressentis par beaucoup,
> malades compris, comme une injustice ( et comme un concurrence
> déloyale par le secteur libéra), plus que comme un droit. Droit
> auquel moi-même je ne me suis jamais opposé, tout en dénonçant le
> principe, à cause de ses abus même si beaucoup n'ont pas à en
> rougir ( et donnant souvent l'image d'une médecine à deux vitesses,
> un risque toujours possible mais « sanctifié » par le statut des
> PH, oeuvrant au sein d'’un service public ) .
>
> Et j'’arrête là , car cela devient trop « lourd »et peut-être
> inutile et déplaisant.
>
> Continuons ce combat pour défendre nos valeurs, autant que notre
> profession et notre hôpital public qui restera toujours, je
> l’'espère, un service public , même si on change son nom. Il vaut
> mieux avoir , malgré les difficultés rencontrées un véritable
> service public fier de ses valeurs, qu'’un service de soins aussi
> performant que les entreprises les plus lucratives mais qui risque
> un jour de n'’avoir plus de public que le nom ! C’e n'est là que
> mon point de vue, exprimé à ma façon, mais je crois que beaucoup y
> compris parmi les plus jeunes le partagent. . Merci d’'être arrivés
> au bout de cette lettre-témoignage .
>
> Joseph POLLINI, Avignon.
>
> Avignon.
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